Réaction d'EV Belgium à l'accord de coalition flamand : des occasions manquées pour une transition durable
Le nouvel accord de coalition flamand suscite des sentiments mitigés dans le secteur de l'e-mobilité. Si certaines mesures positives sont annoncées, telles que le transfert de taxes pour rendre l'électricité moins chère que les combustibles fossiles et une plus grande attention portée à l'infrastructure de recharge, l'introduction prévue de taxes de circulation et la taxe de mise en circulation pour les véhicules électriques suscite de vives inquiétudes. Ces mesures risque de freiner les progrès vers une mobilité sans émissions et envoie un mauvais message au marché.
Une incitation négative à l'écologisation
La décision de taxer dorénavant les véhicules électriques au moyen de la taxe de circulation et de la taxe de mise en circulation repose sur l'hypothèse qu'« avec l'écologisation du parc automobile, il n'est plus souhaitable d'accorder un soutien fiscal aux véhicules à émissions zéro ». Il s'agit d'un raisonnement à courte terme qui ne tient pas compte de la situation dans son ensemble. Le fait que la Flandre ne vise « que » 40 % de réduction des émissions d'ici 2030 - alors que les objectifs européens pour la Belgique sont de 47 % - montre qu'il y a encore beaucoup de travail à faire. Des frais supplémentaires pour les véhicules électriques ne feront que compliquer les efforts nécessaires.
De plus, on ne comprend pas pourquoi les avantages fiscaux accordés aux véhicules électriques sont déjà revus à la baisse, alors que les véhicules conventionnels à carburant fossile ne paient toujours pas le coût total de leur impact sur la santé et l'environnement. Au contraire, si nous voulons vraiment passer à une mobilité durable, les voitures à zéro émission devraient rester attrayantes par rapport aux alternatives polluantes.
Pas de pause, mais de l'action
Le gouvernement flamand propose également une « pause climatique » au niveau européen. Selon nous, il s'agit d'un signal dangereux qui pourrait conduire à un arrêt à un moment crucial de la transition énergétique. Les objectifs climatiques pour 2030 se rapprochent et une pause signifie en fait un pas en arrière.
La transposition de la législation existante est nécessaire, mais une réglementation supplémentaire est tout aussi importante pour maintenir l'élan et donner aux entreprises la certitude dont elles ont besoin pour continuer à investir dans l'innovation.
L'interdiction des moteurs à combustion interne abandonnée : un revers politique
Ce qui est le plus décevant, cependant, c'est l'abandon de l'interdiction prévue de la vente de véhicules à moteur à combustion interne à partir de 2029. Il s'agissait d'une mesure cruciale pour accélérer la transition vers des véhicules sans émissions et donner à l'industrie automobile une vision claire de l'évolution du marché. La suppression de cette interdiction ralentira la transition et les moteurs à combustion resteront un facteur dominant de notre parc automobile. Cela va à l'encontre des objectifs européens en matière de climat et crée de l'incertitude tant pour les consommateurs que pour les constructeurs.
Il en va de même pour l'assouplissement des zones à faibles émissions dans les villes : un plan d'action qui échoue. Alors que d'autres villes européennes renforcent leurs normes d'émission afin d'améliorer la qualité de l'air et d'encourager la mobilité sans émissions, la Flandre s'en tient au statu quo. En conséquence, les voitures diesel et essence à fortes émissions restent relativement plus longtemps dans la circulation. L'abandon des mesures de renforcement prévues envoie un mauvais signal : c'est comme si les véhicules polluants avaient toujours leur place dans une vision durable de l'avenir de nos villes et, par conséquent, la Flandre obtient un score très insuffisant en termes de qualité de l'air en Flandre et d'objectifs pour 2030.
Les signaux positifs : le transfert de taxes et l'infrastructure de recharge
L'accord de coalition comporte néanmoins quelques points positifs. Le transfert fiscal prévu, par lequel l'électricité deviendra progressivement moins chère que les combustibles fossiles, est une mesure positive qui augmentera l'attrait des solutions électriques telles que les VE et les pompes à chaleur. Nous espérons que cette mesure sera mise en œuvre rapidement et efficacement afin que l'avantage financier des technologies sans émissions devienne clairement visible pour les consommateurs.
En outre, l'ambition d'investir massivement dans l'infrastructure de recharge est un pilier essentiel pour la poursuite du déploiement des véhicules électriques. Sans un réseau de bornes de recharge bien desservi, l'électrification des flottes ne pourra jamais se faire pleinement. Il est essentiel que des objectifs clairs et mesurables soient fixés et que des mesures soient prises rapidement pour les mettre en œuvre.
Points d'interrogation autour de la vignette routière numérique
Un autre point de l'accord de coalition qui suscite des interrogations est l'annonce d'un système numérique permettant de faire payer l'utilisation de nos routes aux véhicules étrangers non couverts par la tarification routière. Selon les négociateurs, il s'agirait d'une vignette routière numérique. Cela semble logique, mais la question reste de savoir comment ce système sera mis en œuvre dans la pratique. Quelles sont les règles exactes, qui gérera ce système et comment évitera-t-il de devenir une charge supplémentaire pour les véhicules électriques que la Flandre souhaite encourager ?
Un signal décevant et erroné : la suppression de la prime à l'achat
Enfin, la suppression de la prime à l'achat pour les véhicules électriques « dès que cela sera légalement possible » est une décision très décevante et contre-productive. La subvention devrait normalement expirer à la fin de cette année, mais la rapidité avec laquelle la suppression est mise en œuvre envoie un mauvais signal aux acheteurs potentiels. Bien que le prix d'achat des véhicules électriques soit toujours plus élevé que celui des voitures conventionnelles, cette prime est une mesure de soutien importante pour abaisser le seuil d'accès à la conduite électrique. Supprimer la prime à un moment où la part des véhicules électriques en Flandre n'a pas encore atteint un niveau suffisant est une erreur politique qui retardera la transition.
Appel à la coopération et à un plan climatique clair
Le plan climatique flamand sera bientôt réexaminé afin de déterminer s'il est sur la bonne voie pour 2030. C'est l'occasion pour le nouveau gouvernement de fixer des objectifs plus ambitieux et de renforcer la place de la conduite électrique dans cette politique. Nous appelons le gouvernement flamand à travailler à un plan climatique clair et tourné vers l'avenir, qui ne se concentre pas seulement sur les charges mais aussi sur les incitations positives pour les technologies durables.
Nous appelons donc à une coopération étroite entre les différents niveaux de gouvernement, comme mentionné dans l'accord de coalition. La Belgique a besoin d'une approche coordonnée dans laquelle les charges sont partagées équitablement et dans laquelle la mobilité électrique est reconnue comme un élément central pour atteindre nos objectifs climatiques. Saisissons cette opportunité pour faire les bons choix, sans reculer.
L'électrification rapide du parc automobile reste le fruit à portée de main de toute la transition climatique. Le rôle de pionnier que la Belgique peut actuellement jouer dans ce secteur innovant offre des opportunités, mais elle a également besoin d'une vision stable à long terme vers l'électrification complète.
EV Belgium s'engage pour un avenir dans lequel les véhicules électriques ne deviennent pas seulement la norme, mais restent également accessibles et attrayants pour tous. Une transition nécessite des choix politiques cohérents, intelligents et équitables.